Textes, photos, vidéos : © Patrick Kersalé 1998-2019, sauf mention particulière
Les peintures qui ornent les édifices bouddhiques du Cambodge sont anonymes, seuls les noms des donateurs apparaissent parfois, assortis de la somme versée pour leur réalisation. Ces œuvres dépeignent la vie du Prince Siddhārtha, du Bodhisattva Sakyamuni et du Bouddha Siddhārtha Gautama, trois noms pour un même personnage à trois étapes différentes de sa vie. Le chapei est représenté durant ces trois phases.
1. Le Prince Siddhārtha. Alors qu’il quitte le palais où il a grandi et qu’il n’a jamais quitté, la scène des danseuses endormies montrent généralement des instruments de musiques posés sur le sol, parfois un chapei.
2. Le Bodhisattva Sakyamuni. C’était la scène idéale pour représenter le chapei. En effet, le dieu Indra avait besoin d’un instrument de musique à trois cordes pour illustrer la métaphore de la Voie du Milieu. Mais cette scène a malheureusement jeté le trouble sur le nombre réel de cordes du chapei puisqu'il ne possède en réalité que deux cordes (autrefois quatre). Nous avons consacré un chapitre à ce sujet.
3. Bouddha Siddhārtha Gautama. Lorsque le Bouddha revient parmi les hommes en descendant le triple escalier d’or, d’argent et de pierres précieuses, il est parfois accueilli par un orchestre dans lequel se trouve un joueur de chapei.
En dehors de cette expression artistique religieuse, un nombre réduit d’artistes cambodgiens se sont exprimés autour du chapei de manière profane. Mais le classement UNESCO de 2016 commence à changer la donne.
Dans l’enceinte de l’Université Royale des Beaux-Arts (RUFA), une statue en ciment représente un joueur de chapei.
À Phnom Penh, à l’Université royale des Beaux-Arts, département des beaux-arts, des artistes ont créé un chapei en bronze, inspiré d’un instrument contemporain. Il est mis en scène dans une clé de Sol se terminant par une tête de naga stylisée.
Lors du Nouvel An 2017, un chapei géant a été présenté près du temple Bayon à Angkor Thom.
Nous avons identifié quelques artistes khmers qui ont travaillé sur la thématique du chapei, avant ou après le classement UNESCO.
En décembre 2018, lors du Chapei Dang Veng Festival organisé par la division Heritage Hub de Cambodian Living Arts à Siem Reap, un chapei est plastique de 5,5 mètres a traversé la ville sur un ancien char à bœufs mû par des pédales. Il a été exposé dans l’enceinte du monastère de Vat Reach Bo durant deux semaines. Il était l’œuvre d’un artiste local, Riem Monisilong.
L’art de Hay Chhoem est à la croisée entre le Cambodge et l’Occident. Il puise son inspiration dans l’architecture et la sculpture des temples angkoriens, mais aussi dans l’iconographie bouddhique. Peindre la musique, c’est peindre à la fois un instrument et la relation qu’entretient le musicien avec celui-ci. Bien souvent, le peintre n’a qu’une vague idée du fonctionnement de l’instrument et de la manière précise dont on le joue. On pourrait résumer la peinture de la musique selon cinq modes :
Hay Chhoem peint la musique avec sa vision d’artiste. Les instruments et le rapport entretenu par le musicien avec son instrument sortent de son imaginaire. Mais en interrogeant cet artiste, on comprend qu’il cherche à créer un univers instrumental inédit, avec le rêve de faire construire et jouer ses instruments imaginaires, en dehors de toute loi physique. Toutefois il avoue qu’il méconnaissait la véritable nature des instruments qu’il a peint en 2011/2012.
Parmi ces œuvres, deux toiles relatives au chapei.
Edited by Cambodian Living Arts, Phnom Penh, Cambodia
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